Anachronisme(s) dans les mondes hispaniques et lusophones
Sous la direction de Raphaël ESTÈVE
Broché, 322 p.
Concept officiellement « à charge » depuis la première moitié du XXe siècle et l’anathème jeté sur lui par les historiens de l’École des Annales, l’anachronisme s’est dès lors vu imputer la transgression épistémologique la mieux caractérisée : celle d’une subjectivité invasive, antagoniste supposée de toute scientificité. Mais, on le sait, le statut de la subjectivation a beaucoup évolué, et notamment depuis que la littérature a pu elle-même être considérée comme épistémologiquement modélisante. La conviction à l’origine de cet ouvrage est ainsi que les réhabilitations de l’idée d’anachronisme auxquelles les philosophes, théoriciens littéraires et même historiens n’ont eu de cesse, dès la fin du siècle dernier, de procéder, peuvent gagner en intelligibilité quand on les appréhende depuis les Mondes Hispaniques et Lusophones, ne serait-ce que parce qu’elles y ont été, à de nombreux égards, anticipées. Le moteur narratif du premier – et peut-être plus important – roman de l’ère moderne, Don Quichotte est ainsi, on ne peut plus explicitement et directement, l’anachronisme. On sait aussi à quel point Jorge Luis Borges militait pour une poétique dont ce concept, avec lequel il a notoirement joué dans ses fictions, était une des pierres angulaires. Quelques années après, au-delà du champ littéraire, dans celui des idées, Octavio Paz stigmatisait à son tour la répudiation systématique, par les avant-gardes culturelles, de « l’obsolescence », anachronisme supposément coupable, cette fois, non plus d’anticipation, mais de retard.
Fiche technique
- ISBN
- 978-2-36783-187-9
- Nb de pages
- 322
- Langue
- Français - Espagnol
- Collection
- Universitas
- Date de parution
- 14/12/2021
- Format
- Broché
- Dimensions
- 14,5 x 21 cm
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Dans un contexte où règnent de concert « mnémotropisme » et « commémoratisme » ainsi que leur remise en question, il est urgent de réexaminer les choix qui président à la mise en œuvre des traces mémorielles de notre passé. Mémoires, traces, empreintes rassemble les contributions d’anglicistes et d’hispanistes qui explorent les enjeux épistémologiques de la mémoire et de ses représentations, à la croisée du politique, de l’historique, de l’éthique et de l’esthétique. Les contributions de ce volume font dialoguer les siècles et les disciplines sans fermeture méthodologique ni idéologique : théâtre élisabéthain, mémoires contemporains, historiographie de l’Espagne récente, fictions britannique, américaine et espagnole contemporaines, Siècle d’or espagnol, récits des diasporas, poésie et photographie espagnoles du XXe siècle, architecture américaine du XXIe sont convoqués tour à tour afin de mettre en lumière les processus complexes à l’œuvre dans tout récit sur la mémoire.
Aborder la mémoire dans ses relations à la trace et à l’empreinte suppose d’analyser la mise en récit de la mémoire, qu’elle soit collective ou individuelle, incarnée ou désincarnée, volontaire ou involontaire, historicisée ou déshistoricisée, d’où une prépondérance des contributions dédiées à la littérature, à l’art et à l’histoire.
Du traumatisme vers la jouissance et la célébration des sens, de la matérialité lourde du monument mémoriel vers la puissance imaginative de la fiction, ce volume offre un parcours de lecture dynamique qui traduit bien les paradoxes de son sujet.
Auteurs : A. Alted Vigil, C. Bigot, É. Bouzonviller, A. Chirol To, G. coste, G. del Vecchio, J. Fintzel, S. Lejri, J. Matteson, N.K. Miller, C. Orobitg, M. Pawlicki, F. reviron-Piègay, S.L. Riemenscheider, V. Allen-Terry Sherman, S. Sitayeb, J. Soubeyroux, E. Souvignet.
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Laura SCARANO est professeure à l’Université de Mar del Plata (Argentine), chercheuse au CONICET, responsable du secteur de littérature espagnole du CELEHIS et présidente de l’Association Argentine d’Hispanistes. Spécialiste de poésie espagnole contemporaine, elle est l’auteure de plus de quinze ouvrages.
On a souvent perçu Blas de Otero comme un poète engagé, un témoin social, politique ou historique, parfois même marxiste, un antipoète. Il serait sans doute plus facile de le situer en tant que figure essentielle de la « poésie d’après-guerre » espagnole. Comment dans ce contexte Blas de Otero a-t-il été capable de se nommer et de parler de lui-même, malgré les baillons imposés, les préjugés et les censures, dans l’impersonnalité diffuse d’un moi lyrique, trait dominant dans la tradition moderne du genre ? Dans ce livre Laura Scarano tente d’apporter des éléments de réponse rigoureux et précis à cette question. Elle se livre pour cela à une étude attentive et minutieuse de la dernière partie de la production poétique de l’auteur, réunie sous le titre "Hojas de Madrid con la Galerna" ( les poèmes qu’Otero écrivit depuis son retour de Cuba en avril 1968 jusqu’à son dernier poème, deux avant sa mort en 1977) et nous révèle un portrait magistral et touchant à la fois du poète en forme autobiographie poétique.
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L’Andalousie a toujours été une terre de poésie. En voici une nouvelle preuve avec ce recueil de poèmes que nous propose Rosa Romojaro, très justement récompensé par le XIV e Prix International Antonio Machado à Baeza (2010) et le Prix Andalousie de la Critique (2011). Nous en proposons une édition bilingue qui se veut transfert, à la fois libre et fidèle d’une langue à l’autre, créant ainsi une partition symétrique entre l’espagnol et le français. Quand les oiseaux ne fait pas partie de ces poésies intellectuelles quelque peu déshumanisées mais plutôt de ces poésies sensuelles, naturelles, tellement pures qu’elles en sont profondes, comme des pierres précieuses. C’est une poésie non pas sentimentale mais essentiellement sensuelle. Elle exprime une urgence vitale. Elle impose une urgence de lecture. On y parle du mot comme salut et récupération des choses dans le poème, et du mot comme réponse à l’appel du monde, mais aussi à son rejet. Poésie de liberté et d’oppression à la fois, symbolisée par les oiseaux, poésie du temps, dans l’éternel retour des saisons, pendant que la vie coule inexorablement vers sa fin.
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Livre peu connu, si ce n’est inconnu, le texte de María Victoria Villaverde semble être resté hors-champ des livres sur la guerre civile espagnole. Hors-champ également des témoignages sur l’Espagne du xxe siècle racontés d’un point de vue enfantin. Enfants de la guerre, regards de femmes, Trois temps et l’espérance relève de ces catégories et d’une génération dans lesquelles María Victoria Villaverde côtoie Carmen Laforet ou Elena Quiroga, Carmen Martin Gaite ou Ana María Matute, toutes sont nées dans les années 20, et partage avec ces auteures l’ambition de raconter par le regard d’une petite fille, puis d’une adolescente et enfin d’une jeune femme, ces quelques années qui ont à jamais bouleversé l’Espagne et sa vie personnelle comme celles de millions d’Espagnols. Mais elle le fait depuis l’exil, depuis le militantisme et l’Argentine, distance qui offrait en 1962, date de publication de son livre, une liberté inimaginable pour les auteures et auteurs vivant en Espagne. Depuis cette autre rive, María Victoria Villaverde raconte donc le regard de la petite fille sur son monde familial puis, élargissant son angle de vue, sur les rites sociaux et les changements en cours dans sa petite ville natale, et lorsque tout son univers s’effondre, la jeune femme choisit finalement de fuir l’asphyxie de l’Espagne de l’après-guerre.
Trois temps et l’espérance est donc un va-et-vient entre la découverte déchirante du monde extérieur et le récit d’enfance, avec ses moments quasi obligés – histoire d’une famille, hétérodoxe et bourgeoise à la fois, portraits de parents, de tantes et de cousines, maisons immenses et protectrices, qui rapetissent à mesure que les enfants grandissent.
Introduction de M. Franco
Traduction, notes et postface de L. Freda -
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